SOMMAIRE
1- L'Âge de Bronze et l'Âge de Fer
2- L’Époque Gallo-romaine
3- Le Moyen Âge
4- Le Haut Moyen Âge - Les Moines et le Sel
5- Le Bas Moyen Âge
6- La Gabelle (1340-1790)
7- Les XVIIIème et XIXème siècles
Les Dessèchements sur l'île (Famille Jacobsen)
8- L'Epoque contemporaine déclin /
La relance du sel sur l’Île de Noirmoutier
Ces époques indiquent une période-clé dans l'histoire du sel.
Les nombreux vestiges de briquetages découverts un peu partout en Europe et dans le monde attestent de la vigueur de cette activité.
De nombreux sites d'exploitation de sel ont été mis au jour le long du littoral atlantique. A l’âge du Fer, le sel est extrait par évaporation de l’eau salée dans des récipients en argile cuite (augets) disposés sur des fourneaux. Les augets contenant la saumure sont maintenus en suspension au-dessus d’une source de chaleur, grâce à des pilettes en argile. Une « cuisson » pouvait durer au moins 24 heures, au terme de laquelle les blocs de sel étaient extraits en fracturant les augets.
Ce type de production est attesté sur toute la côte atlantique.
« La présence d’une industrie préhistorique du sel est attestée sur les côtes du Pays de Retz à la fin de l’âge du Bronze. La technique d’obtention du sel peut être résumée ainsi :
1 - ramassage et séchage, pendant l’été, de sable ou de boues marines
2 - élaboration de saumure en versant de l’eau de mer sur ces matériaux
3 - cuisson lente de cette préparation contenue dans des augets
La cuisson s’effectuait dans des fours, les plus élaborés (fours à grille) pouvaient produire 50 kg de sel à partir de 300 litres d’eau concentrée à 200 grammes de sel par litre » Sel et salines de la baie Patrice Pipaud
Deux fours à sel à grille et à augets fins ont été en effet découverts aux Moutiers en 1984 et 1992.
Les échanges commerciaux s'intensifient, favorisés par une organisation unifiée du territoire qui s'appuie notamment sur l'amélioration du réseau routier en Gaule et le développement des transports maritimes. En ce qui concerne l'exploitation du sel, la technique des briquetages est progressivement abandonnée sous la domination romaine, au profit de la mise en œuvre et du développement des marais salants. Le sel devient un symbole de richesse pour les sociétés qui en font l'exploitation et il fait l'objet de commerce et d'échanges sur de longues distances. Utilisé entre autres pour la conservation des aliments, le sel entre dans différentes productions liées à l'alimentation, notamment les salaisons.
« Le commerce du sel a joué un rôle majeur dans l’organisation de l’espace maritime atlantique au Moyen-Âge. Pondéreux et de faible valeur intrinsèque, le sel est néanmoins un produit indispensable à la vie des hommes. Jusqu’à l’invention de la conserve, il est le seul véritable agent de conservation de la viande, des poissons, éventuellement des légumes et du fourrage »
Commerce maritime et projections atlantiques des ports français : le cas des ports du sel (VIe-XVe siècle) Jean-Luc Sarrazin Université de Nantes
Dès le Haut Moyen-Âge les salines occupaient le littoral atlantique contribuant à façonner les paysages... Mais avant de devenir des salines, les prairies maritimes inondables formaient le shorre supérieur constituées par un affleurement appelé
« bri » : sédiment marin composé de deux formations : une couche superficielle de vase grise-noire (riche en matière organique) superposée à une vase grise-bleue comprenant des argiles.
La production de sel par évaporation dans les aires salantes est une activité ancienne sur le littoral atlantique, attestée depuis les VIème et VIIème siècles, elle remonte sans doute à l'empire romain.
Une grande partie des salines appartenaient à différents monastères répartis dans tout l'ouest.
Une autre forme de trace évoquant le sel nous parvient à travers les toponymes qui jalonnent les routes ou les territoires liés au sel.
L'évêque de Poitiers, Ansoald concéda l'Ile d'Her (Ce mot vient de eremus qui signifie "désert") vers 677 à Philbert, fondateur de Jumièges d'où les événements politiques l'avaient chassé, pour y établir un nouveau monastère. Après l’établissement des religieux, Her devint Her-Monster (moutier d’Her) puis Nermonster et enfin Noirmoutier.
St Philbert installé sur l'île comprit très vite la valeur du sel. Il entreprit non seulement de creuser de nombreuses salines mais d'en faire du négoce. L'ile de Noirmoutier accueillait des navires anglais, irlandais, bretons, devenant très vite de par le rayonnement de son abbaye et sa situation géographique, une base du commerce de sel à longue distance...
Les moines Philbertins créent des dépôts sur toute la côte armoricaine.
Pendant les VIIème et surtout VIIIème siècles, les Philbertins furent les maîtres incontestables de la production et de la vente du sel. Ils possèdent 3400 aires saunantes.
« On a aussi des indices qui attestent d’une production ancienne de sel à Noirmoutier même, puisque Saint-Martin de Tours ainsi que Jumièges s’y approvisionnent au VIIeme siècle, alors que l’île est pourtant présentée par Ermentaire comme une terre lointaine isolée par les courants. » Pénétration et circulation du sel de l’Atlantique en France septentrionale (VIIIe-XIe siècles) Olivier Bruand.
En effet des exemptions de péage sont accordées par les rois et empereurs Carolingiens (sur 6 de leurs bateaux) non seulement sur la Loire et ses affluents, mais aussi sur la Garonne et sur toutes les côtes de l’Armorique.
En parallèle à la distribution du sel par les circuits ecclésiastiques, coexistait un trafic saunier privé, attesté par l’existence des tonlieux. (les tonlieux sont les taxes indirectes sur les marchandises ; ces taxes sont perçues lors du transport, au passage des ports, des ponts... sur la Loire et ses affluents).
On relève ainsi des points de perception à Port-Saint-Père (Portus Vetraria) point de contrôle et débouché principal du sel marin Carolingien, les charges de sel embarquées au Portus Vetraria arrivent sur le fleuve en ayant ainsi évité le trajet par la voie maritime qui demande des navires bien plus élaborés, capables de manœuvrer pour doubler la pointe de Saint-Gildas, où les courants sont redoutables, tandis que sur le Tenu de simples plates suffisent - Pénétration et circulation du sel de l’Atlantique en France septentrionale (VIIIe-XIe siècles) Olivier Bruand.
Mais déjà selon le moine Ermentaire, auteur de La Vie et les miracles de Saint Philibert, dans le deuxième tiers du IXème siècle « un fléau venu du nord se répandit sur tous les habitants de la terre ». Les Normands s’intéressaient aux salines. Ils firent des descentes dès le début du IXème siècle, à Noirmoutier, à Prigny et à Bouin. Ils s’installèrent sur ces trois sites. A Noirmoutier à la Conche aux Normands, située à la Linière, près de l’Herbaudière, un endroit stratégique qui leur permettait de surveiller la sortie de l’estuaire de la Loire.
Quant aux moines de l'Abbaye Noire de Noirmoutier suite aux différentes invasions des Normands, ils quittèrent l'île se repliant dans un premier temps dans leur propriété de Déas qui deviendra St Philbert de Grand Lieu, puis se réfugient près de la communauté monastique de Tournus en Bourgogne en l'an 875, après une pérégrination de près de quarante ans avec les reliques de leur Saint Fondateur.
Vers l'an mil le monastère est réduit en prieuré dépendant de l'abbaye de Tournus. La crypte Mérovingienne est le seul témoin de l'Abbaye Noire de Noirmoutier-en-l'île qui fut brûlée par les sarrasins en 732 et les Normands en 830. Elle est classée monument historique depuis 1898.
L'Eglise actuelle de St Philbert à Noirmoutier a été édifiée sur l'emplacement même du monastère Bénédictin fondé en 677.
La crypte contenant une relique de Saint Philbert et son tombeau vide. Le corps du fondateur du monastère Noir y reposa de 684 à 836. Ensuite, sa dépouille fut transportée à Tournus pour échapper aux invasions normandes du IXème siècle.
En 1172 des moines Cisterciens de l'Abbaye de Buzay (monastère fondé par Bernard de Clairvaux en 1135 en Pays de Retz) fondent un premier établissement monastique sur l'îlôt du Pilier à cinq kilomètres de la côte noirmoutrine : " Isle Dieu " : Beata Maria de Pilliario, de Insulae Dei.
La communauté devait y rester une trentaine d'années. Mais les conditions de vie sur ce rocher battu par l'océan étaient difficiles même pour des personnes ayant décidé de mener une vie ascétique.
En 1205, Pierre V de la Garnache accorda aux moines blancs une terre au nord de l'île de Noirmoutier. Telle est l'origine de l'Abbaye de la Blanche, ainsi dénommée à cause de la couleur de leurs bures monacales. (Tout au long des XIIIème et XIVème siècles les premières donations sont confirmées et de nouvelles viennent accroître les revenus de l'abbaye.
Passant au travers de la guerre de Cent Ans et de diverses invasions de l'île, la communauté croît et décroît au rythme des périodes fastes et moins fastes de l'histoire. Mise en commende aux grandes familles nobles de la région (Rohan, Gondi, La Trémoille) à partir du XVIème siècle, elle connaît une dégradation de son état matériel et spirituel. Vers 1611, la réforme de la Stricte Observance y est introduite, comme dans l'ensemble des abbayes Cisterciennes ; un inventaire du temporel de l'abbaye est entrepris, qui aboutit au partage des revenus entre l'abbé commendataire et les religieux en 1661.
La Révolution Française marque la fin de la présence religieuse avec la confiscation et la vente des biens ecclésiastiques. Devenue propriété privée, l'abbaye sert d'hôpital militaire pendant la guerre de Vendée, puis de manufacture de soude au début du XIXème siècle. Puis, affermée à Jean-Corneille Jacobsen, qui en était l'ancien fermier général, puis à son fils Auguste, jusqu'en 1869, date à laquelle elle change de propriétaire.
Dès le XIIIème siècle Garsire de Rais leur donne les salines de Bouin (île du sel).
A Noirmoutier les moines blancs possèdent 3800 aires saunantes.
Après 1100, le port de Noirmoutier commence à prendre de l'essor, puis, c'est vers le XIIIème siècle qu'une profonde mutation s'opère dans le transport du sel due à une forte progression démographique avec l'intensification des échanges et l'augmentation de certains produits de consommation, dont le sel.
« L’Abbaye devient la "Baya", la "baye", " le havre et port de mer nommé la Bae qui est l’un des plus beaux havres de notre païs ". On emploie encore au 18ème siècle l’expression les "Salines de l ’Abbaye" pour désigner les marais salants de la baie de Bretagne devenue baie de Bourgneuf.
Des Moutiers à Beauvoir, les salines cernent la Baie, complétées par celles des îles de Bouin et de Noirmoutier. » Sel et salines de la baie - Patrice Pipaud.
Dès le milieu du XIIIème siècle, La Hanse ou Ligue hanséatique, association de villes marchandes de l'Europe du Nord, autour de la mer du Nord et de la mer Baltique (qui, a son apogée, va réunir 150 villes) envoyait des flottes de bateaux pour charger le sel indispensable à la conservation des harengs et autres poissons.
Certains bateaux arrivaient avec des marchandises mais la plupart étaient lestés de galets, les «cailles de mer» qu'ils déchargeaient à l'arrivée.
Ces galets servirent à paver les rues ou à faire des murs…
La consommation de sel de plus en plus forte va inciter les possesseurs de marais (seigneurs ou abbayes) à transformer ceux-ci en marais salants
Au XVlème siècle, le commerce du sel fait la prospérité de Bourgneuf.
La Baie accueille plus de 200 navires en même temps : les plus gros restaient au large et les autres se répartissaient dans les ports autour de la Baie.
Dans le monde nordique « La Baie, Bae, Baya désigne à la fin du Moyen-Âge le vaste plan d’eau situé un peu au sud de l’estuaire de la Loire et délimité par la côte de la baronnie de Retz du côté de la Bretagne, l’île de Bouin dans les marches d’entre Poitou et Bretagne et l’île de Noirmoutier au sud. » tiré du document : Commerce maritime et projections atlantiques des ports français - le cas des ports du sel (VIe-XVe siècle) de Jean-Luc Sarrazin - Université de Nantes.
La Baie s'appelle « Baie Salz » ou « Baiesalt » témoignant ainsi de l'importance de la Baie dans l'espace commercial atlantique du sel. A la fin du moyen âge elle désignait non seulement le sel de Noirmoutier, Bouin, Beauvoir ou Bourgneuf mais aussi tout le gros sel marin venant de la côte atlantique.
Au Coloi ! Le sel était mis en tas au bord des étiers, couvert de paille ou de boue pour le protéger de la pluie. Le jour de l’embarquement, on criait, aux Moutiers, à Bourgneuf, à Bouin, à Noirmoutier ou Beauvoir :
« Au Coloi, au Coloi ! ». Toutes les femmes et tous les enfants se précipitaient pour charger les navires ; trente ou quarante kilos sur les épaules.
Du XIIIème au milieu du XVIème siècle la Baie compte alors au moins 39 ports ou mouillages et l’on y vient de toute l’Europe du Nord.
Bouin, l’île du sel par excellence, contribuait à faire vivre de nombreuses communautés religieuses.
On peut en juger par la liste des propriétaires d’aires saunantes dans l’île en 1527 :
Marais francs de l’abbaye de la Blanche : 1280
Marais roturiers de l’abbaye de la Blanche : 1437
Le mot vient de l'ancien provençal Gabela car à l'origine la gabelle désignait un impôt indirect, prélevé notamment sur des articles de la production industrielle ou agricole en France durant le Moyen-Âge et l'Ancien Régime (gabelle des vins, des draps, du blé).
A partir de 1350, le terme est réservé au sel.
Le principe général de cet impôt indirect est le suivant :
Le sel fait l'objet d'un monopole royal. Il est entreposé dans des greniers à sel où la population l'achète taxé et en toute petite quantité.
La gabelle représente, à l'époque moderne, environ 6% des revenus royaux.
Le sel fut longtemps le seul moyen de conserver les aliments et était donc un élément stratégique.
Avec le sel, on fabriquait des salaisons et l'on séchait poissons et viandes douces. Il était également un composant nutritif indispensable pour le bétail.
Enfin, il fut sous l'Ancien Régime utilisé comme monnaie d'échange et il possédait même une fonction de salaire dont on retrouve le sens étymologique dans salarium en latin qui signifiait «ration de sel» puis, par extension, la pratique du traitement du salaire à l'époque romaine.
C'est en 1341, que Philippe de Valois, voyant un profit à tirer du commerce du sel, créa un impôt sur ce produit : la gabelle. Mais cet impôt n’était pas le même partout : dans les régions de grande gabelle, le sel coûtait jusqu’à 40 fois plus cher que dans notre région. La tentation était donc très grande de faire passer le sel en contrebande d’une zone à l’autre ! C'est le sel de l'ouest qui approvisionne les habitants de grande gabelle .
La Loire était l’axe privilégié de ce trafic de sel.
« A titre d'exemple, à la date de 1556 5 à 6000 vaisseaux arrivaient à Nantes chaque année, apportant sels de Bretagne et de Vendée. Puis de façon ininterrompue, ce trafic décline au XVIIème siècle.
Les trafiquants (vendeurs, passeurs ou acheteurs) étaient appelés
« faux sauniers ». La loi était représentée par les douaniers (les gabelous) chargés de neutraliser ce trafic.
Radeur à sel (Officier des gabelles, dont la fonction consistait à mesurer le sel en le rasant sur le minot
(Mesure de capacité utilisée jadis pour les matières sèches un peu plus de 39 litres)
Était considéré comme « faux-saunier » celui qui transportait du sel pris ailleurs que dans les greniers du roi, celui qui fabriquait du sel en volant de l'eau de mer, celui qui ne consommait pas tout le sel du devoir, enfin celui qui recelait du sel ou aidait les « faux sauniers ».
Les contrebandiers utilisaient toutes sortes de moyens pour passer du sel en fraude : pièces de bois creusées dans des charrettes, tonneaux à double fond, chargement de sel dissimulé dans des tombereaux de goémon ou sous des fagots, petits bateaux pouvant changer le gouvernail d'extrémité qui remontaient les étiers et repartaient sans aucune manœuvre. Les quantités assez importantes étaient chargées sur des « chattes », ces bateaux locaux redoutés des « gabelous ».
Une petite précision : au nord de la Loire les travailleurs des marais salants sont appelés Paludiers et au sud de la Loire on les appelle Sauniers.
La gabelle sera supprimée à la Révolution (21 mars 1790) pour être remplacée par un impôt sur le sel le 11 juin 1806 qui prendra fin en 1945 .
Inscrit au cœur des échanges et du commerce, le sel est la denrée vraisemblablement la plus contrôlée de l'Ancien Régime.
« Les sauniers sont assujettis au système seigneurial et sont les tenanciers des seigneuries féodales et des grandes abbayes.
Ils sont soumis aux multiples redevances dont le " cens de sel " équivalent à 1/10 de la production. A la fin du Moyen-Âge, sous l’influence du succès économique, s’amorce un morcellement de la propriété foncière des salines et l’apparition d’un nouveau statut du saunier, dépendant financièrement des propriétaires.
Parmi ceux-ci apparaissent des membres de la bourgeoisie marchande ou des officiers de justice. Sel et salines de la baie mardi 13 juillet 2010, par Patrice Pipaud Société des Historiens du Pays de Retz.
Les Dessèchements sur l'île (Famille Jacobsen)
C'est suite à l’envasement progressif des chenaux et des ports d’embarquement que la Baie doit le déclin qui s’amorce au XVIIème siècle. Le XVIIIème siècle voit la suppression de nombreuses aires pour augmenter les surfaces d’échauffement, puis l’introduction de la technologie guérandaise des œillets.
Rien n’y fait et en 1833, la Baie de Bourgneuf ne représente plus avec ses 5000 tonnes annuelles, que 10% de la production du département.
Une politique fiscale favorable aux salines du midi va porter au XIXème siècle le coup fatal aux marais salants de la Baie. Ils vont progressivement disparaître au milieu du XXème siècle.
Les sauniers de Noirmoutier, à l’instar des paludiers de Guérande, maintiennent cependant vivante la tradition salicole. Sel et salines de la baie mardi 13 juillet 2010 - par Patrice Pipaud Société des Historiens du Pays de Retz
L'île de Noirmoutier ne connaît pas ce déclin majeur.
Au XVIIIème siècle, L'île de Noirmoutier demeure et reste un des plus grand site de production de sel marin et le commerce du sel y est florissant puisqu'un tiers de l'île est consacré à l'exploitation des marais salants. On y compte 25 marchands ce qui fait de Noirmoutier l'un des greniers à sel le plus important de l'Europe.
Commard de Puylorson dans son « histoire de Noirmoutier » indique qu'en 1767 l'île ne contenait qu’environ 10 000 œillets. En 1809 d'après François Piet, on compte 18 000 œillets sur l’île qui est à son extension maximum.
Car c'est au tout début du XVIIIème siècle que s'est opéré un transfert de technologie saunière, de Guérande à Noirmoutier. Les propriétaires Noirmoutrins ont abandonné le système des aires saunantes pour celui des œillets.
Les considérations financières sont déterminantes, il s’agit d’obtenir un meilleur rendement et une seule qualité de sel dans le cadre d’un trafic local, simplifié et lié à un client privilégié : la Ferme générale.
La présence de représentants de la grande noblesse de cour, liés à la Ferme.
En 1866 Noirmoutier est un port important.
Il a reçu 654 navires et en a expédié 645 (principalement dû aux expéditions de sel) en 1865 et 1866 les sels marins ont donné lieu à une expédition de 140 000 kg.
Ces exportations sous pavillon Français sont toutes à destination de l'Angleterre. Sans compter le cabotage en mer du nord, Bretagne et vers Bordeaux, Libourne... qui achemine aussi du sel.
(La moyenne de récolte de sel par œillet est de 1318 Kg en 1865 et 1866)
Carte de l’île de Noirmoutier 1863 extraite de « recherches statistiques et historiques sur l'île de Noirmoutier par François Piet »
Les Dessèchements
Il est impossible de ne pas mentionner l'historique des dessèchements commencés dans la partie sud de Barbâtre de 1700 à 1800 par Josse Hertfelt ancien Gouverneur de l'île (L'Enclos -Vieux et l'Enclos-neuf).
Mais c'est surtout par l'arrivée sur l’île de la famille Jacobsen, que s'intensifièrent les dessèchements, appliquant la méthode employée par ses ancêtres en Hollande.
Cornil Guislain né à Dunkerque en 1709 conquit sur la mer dans la partie sud de Barbâtre, la Lyde (17 hectares) et fit surgir de l'autre côté du Gois, près de Beauvoir, l'île de la Crosnière, conquise en 1767 sur l'Océan ; et la Paroisse de Notre-Dame du Pé lui dut son existence (226 hectares).
Jean Corneil, son fils, dessécha de 1812 à 1814 à l'entrée du port, le grand et petit Mûllenbourg (61 hectares) connus sous le nom de terrains Jacobsen.
Auguste ajouta en 1829 La Nouvelle-Brille (64 hectares) et en 1834 la Tresson (144 hectares).
« Le sel est, de tous les produits, celui qui donne lieu au plus grand commerce. Quatorze mille œillets de marais salants fournissent bon an mal an 15 millions de kg de cette substance.» VIAUD-GRAND-MARAIS Guide du voyageur à Noirmoutier, 1ère édition, Nantes, imprimerie Mellinet, 1884.
Le déclin et La relance du sel sur l’Île de Noirmoutier
Au milieu du XXème siècle les marais salants furent régulièrement abandonnés.
On en compte encore 12 000 dans les années 1940, 8000 en 1960
1744 en 1976 et 800 en 1987.
Production de sel
1943-1955 :10 000 tonnes
1956-1960 : 5 400 tonnes
en 1975: 2 500 tonnes
Ce déclin peut-être dû à différents facteurs comme le faible prix du sel et surtout la concurrence des grands Salins du Midi (production moyenne des salins de Giraud 800 000 tonnes et d'Aigues Mortes 600 000 tonnes).
Jusqu'en 1942 existait le « Hucheur » qui passait partout en appelant au Coloi en criant l'heure et le nom du marais. Les sauniers couraient vers leur marais mettre le sel en sac avec leur nom et c'est le premier arrivé au port qui chargeait le ou les bateaux.
Le sel se vendait à la mesure et non au poids alors que le sel de certains marais pouvait être plus lourd et cela donnait lieu à des contestations.
Afin de soustraire le saunier aux négociants, une coopérative fut créée en 1942 (la Coopérative des Producteurs de Sel de Noirmoutier).
En 1981 il ne restait plus que 20 sauniers (âgés de plus de 50 ans), puis 28 en 1987 et 32 en 1991.
En 1981 le SMAM (Syndicat Mixte d’Aménagement des Marais a été créé afin de préserver la zone de marais de toute spéculation foncière et de la réserver à l'agriculture, la saliculture et l'aquaculture.
En 2015 on compte plus d'une centaine de producteurs exploitant 2500 œillets.